Après avoir trouvé un accord avec l’État français au bout de trois jours, le PDG du constructeur automobile franco-japonais Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a évoqué mardi le renforcement des associations au lieu d’une fusion, surtout pas pour l’instant et parler d’une gestion composée de deux PDG.
« Je sais que le marché souhaite une fusion, mais il a sa propre logique et nous avons la nôtre », a lancé M. Ghosn au cours d’une réunion avec la presse au siège de Nissan, à Yokohama dans une banlieue de Tokyo, tandis que les récentes contractions avec le gouvernement français ont ramener le sujet sur la table.
« L’idée d’une fusion était déjà apparue en 1999 », au moment de la naissance de l’alliance, a-t-il indiqué. « C’est une décision facile à prendre, mais pas son exécution est complexe, je ne pense pas que nous soyons prêts aujourd’hui ».
« Nous avons besoin de beaucoup plus de confluences pour évoquer un jour possiblement une fusion », a continué le dirigeant, tout en restant ouvert: « Nous n’excluons pas que peut-être un jour elle fera sens ».
Prétendant « une approche très réaliste, sans tabou », il a cité les « peurs d’une Nissan-isation de Renault, et d’une Renault-isation de Nissan ». « Si (la fusion) est source d’angoisses, et non d’espoir, quand vous sentez des oppositions c’est que le moment n’est pas venu ».
Carlos Ghosn a aussi reparlé de la conclusion d’une entente encadrant l’influence de l’État français dans Renault, conclusion de huit mois de crise.
« Le problème est derrière nous. Je suis satisfait de voir qu’après ces difficiles et sensibles négociations, nous avons fini par trouver un dénominateur commun », a apprécié le PDG. « Maintenant que cet obstacle est maîtrisé, nous allons pouvoir nous concentrer de nouveau sur le développement de synergies » entre les deux entreprises.
Une alliance, deux PDG
« C’est un jalon très important » pour Nissan, dont le principe d’autonomie est désormais « explicitement souligné, avec des conséquences en cas de violation », a détaillé M. Ghosn. Si Renault devait interagir dans la gestion de Nissan, le groupe nippon pourrait alors augmenter ses parts dans Renault de 15% à 25%, et ainsi supprimer les droits de vote du français, qui détiennent 43,4% de son associé.
Répondant aux questions relatives à son propre avenir, le PDG âgé actuellement de 61 ans a montré ses ambitions. « Tant que j’ai la confiance des actionnaires, je poursuivrais la gestion de l’alliance ».
Et d’ajouter qu’ « Un PDG supervisant deux compagnies est quelque chose d’assez rare, c’est pourquoi il est fort probable qu’à l’avenir ce système ne perdurera pas. Il y aura un PDG pour Nissan et un autre pour Renault, et je préférerais que mon successeur (chez Nissan) soit japonais ».